Bonjour, monsieur Vinceneux, vous êtes le Directeur Informatique des Laboratoires Bouchara-Recordati. Pourriez-vous nous présenter, en quelques mots, les activités de Bouchara ainsi que votre service?
Les laboratoires Bouchara-Recordati, filiale française du groupe pharmaceutique Recordati (basé en Italie à Milan), a réalisé en 2005 un chiffre d’affaire de 156 millions d’euros. Plus de 400 personnes y travaillent dont 250 sont itinérants (principalement des visiteurs médicaux), et 80 personnes sont rattachées à l’usine de fabrication situé à St-Victor dans l’Allier. Le laboratoire commercialise des spécialités dans les domaines du cardio-vasculaire, de l’ORL avec une large gamme de médicaments génériques
La direction informatique est constitué d’une équipe très réduite de 3 personnes, avec une partie info-gérée pour l’administration des réseaux et serveurs windows, et le HelpDesk utilisateurs. Nous avons dans l’équipe interne un développeur ABAP (langage de développement SAP).
Pourriez-vous nous décrire votre Système d'Informations?
Le système d’information est principalement basé sur l’ERP SAP. Nous utilisons Lotus Notes comme système de messagerie et un progiciel dédié pour la partie RH/paie. Toutes ces applications fonctionnent sur 2 serveurs iSeries dont un est réservé à SAP.
Nous avons aussi d’autres applications métiers (gestion de la trésorerie, notes de frais…) qui sont hébergées sur des serveurs Windows.
Vous avez implémenté SAP il y a 10 et dans un environnement comme le votre, c'était un projet unique. Comment cela s'est passé?
Le choix de SAP a été fait par les laboratoires Bouchara en 1996, dans le but de remplacer le logiciel comptable ne répondant plus aux besoins, notamment en terme d’analyses. Le périmètre de l’implémentation de SAP concernait donc les modules FI/CO (comptabilité, contrôle de gestion) ainsi que MM pour la gestion des achats. En 2002, puis 2006 les fonctions de SAP ont été élargies pour la gestion de toutes les activités de l’entreprise (achats, gestion des stocks, production, ventes, comptabilité, contrôle de gestion…). Nous profitons ainsi de toute la puissance de R3 en terme de système intégré.
Dés le début, le choix de Bruno Delcour, à l'époque DSI des Laboratoires Bouchara, c’est porté sur une architecture basée sur des AS400, correspondant à la culture et aux compétences du service informatique. Ce choix a été confirmé lors des évolutions de version SAP et de serveur.
Quel est le point fort de votre projet?
L’AS400 est devenu un serveur de plus en plus ouvert et compatible avec les protocoles et langages standard (sql, ip, java…), ce qui à permis à SAP de proposer son ERP sur cette plate-forme. Les Laboratoires Bouchara ont été les premiers en France à implanter R/3 sur AS400 en 1996, bénéficiant ainsi d’un suivi particulier de la part d’IBM et SAP durant le projet.
Aujourd’hui encore nous tirons les bénéfices de ce choix. Par exemple, de nombreuses interfaces EDI avec SAP ont pu être développées en interne en s’aidant des langages propres aux serveurs iSeries, tel que CL ou RPG, que nous maîtrisons parfaitement.
Qu'est-ce que cela a changé pour vous?
Les Laboratoires Bouchara avaient déjà des serveurs AS400 pour l’hébergement de leurs logiciels de gestion, tel que COMPTOS pour la partie comptable. La gestion commerciale était un développement interne développé sous ADELIA.
A l’origine nous avions 2 serveurs AS400 pour SAP, un pour le système de production, et un autre hébergeant les systèmes de test et de qualification. Aujourd’hui, nous avons consolidé tous les environnements SAP un iSeries 810 et nous utilisons (plus ou moins partiellement) les modules SAP R/3 suivants : FI/CO, CO/PA, MM, PP, QM, SD.
Comment le projet est apprécié aujourd'hui par les utilisateurs?
Du point de vue des utilisateurs SAP, le choix technologique du serveur est totalement transparent. Nous utilisons le client SAP-GUI standard pour accéder à SAP au niveau des postes de travail. Les utilisateurs ont donc pu bénéficier de toute la puissance et de l’interface graphique de SAP sans restriction.
Quels sont les effets pour l'équipe informatique?
Pour l’équipe informatique, qui utilisait déjà des serveurs AS400, le premier avantage était de rester sur des technologies maîtrisées en interne et reconnues comme étant très fiable. SAP fonctionne sur iSeries avec les dispositifs standards de l’OS400 ainsi que DB2/400. Pas besoin donc d’acquérir de logiciel complémentaire, ni d’une base de données type Oracle, qui sont nécessaire pour les autres plate-formes. Pour les travaux d’exploitation, nous utilisons les outils inclus dans l’OS comme le planificateur de travaux. De ce fait, l’administration du serveur SAP ne nécessite que peu de ressources.
L’autre avantage est aussi de pouvoir utiliser les outils de développement de l’OS400 (CL, RPG, Query…) pour certains besoins, comme les interfaces. Ou encore certaines statistiques commerciales, que nous n’avons pas encore migrées, et qui sont toujours générées aujourd’hui sous RPG/ADELIA avec des données en provenance de SAP.
Quels ont été les facteurs de succès de votre projet?
La maîtrise de l’environnement technique nous a permis de nous concentrer sur la partie fonctionnelle du projet.
Lors de l’implantation du module SD (gestion commerciale), en 2006, de nombreuses interfaces étaient à développer avec nos partenaires externes (clients, distributeurs). Pour leur réalisation nous avons pu utiliser les langages natifs de l’iSeries (CL, RPG) jumelés avec les outils d’interfaçages standard SAP (IDOC). Les programmes RPG génèrent ou traduisent les fichiers IDOC SAP pour les interfaces entrantes ou sortantes. Cela permet de rester complètement dans le standard SAP pour les interfaces, tout en maîtrisant en interne les futures évolutions.
Quels sont les écueils à éviter?
Les bénéfices sont effectivement encore plus évident dans une structure maîtrisant les technologies iSeries. Pour une équipe ne connaissant pas ces serveurs il faut prévoir les formations suffisantes, qui s’ajoutent aux formations SAP dans le cadre d’un déploiement total.
Concernant les coûts de déploiement, une étude doit être effectué en prenant compte tous les éléments. Certes les machines iSeries coûtent plus cher à l’achat que les serveurs sous Windows ou Unix. Cependant les environnements SAP pourront être consolidés sur un même serveur iSeries, là ou il faudrait démultiplier les systèmes sur les autres plates-formes. Des économies sont donc réalisées sur les OS, les bases de données (DB2 est intégré à l’iSeries) et sur le temps-homme pour l’administration et l’exploitation des systèmes.
Le seul problème de cette solution est qu’elle n’est pas encore assez répandu dans la communauté SAP, du moins en France.
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