Comme le travail en équipe et la gestion des projets m'intéressent, la vue d'un titre comme "L’intelligence collective à petite échelle" m'a forcément attiré l'attention. Et notamment le paragraphe qui résume une étude du Centre pour l’intelligence collective du MIT, ainsi formulé :
"Pour réussir une intelligence collective, il faut prendre en compte plusieurs facteurs. Première surprise, la <bonne ambiance> importe peu. La motivation des participants n’est pas non plus fondamentale, ni le niveau intellectuel des individus impliqué. Les trois facteurs qui auraient effectivement joué sont d’abord la <sensibilité sociale> des participants... Autre paramètre important : dans les groupes les plus efficaces, les participants tendaient à se partager plus ou moins équitablement le temps de paroles. On n’y trouvait pas une monopolisation de la parole par une minorité des membres. Enfin, troisième facteur, et non le moindre : le succès d’un groupe était corrélé au nombre de femmes y participant."
J'en ai donc essayé d'apprendre davantage sur les travaux cités, dont les résultats ont été publiés en début octobre 2010 sur le site de MIT dans l'article "Putting Heads Together".
Les chercheurs souhaitaient donc documenter l'existence de l'intelligence collective dans les groupes qui collaborent bien et ils ont pu conclure à une effectivité générale(*) du groupe qui peut prédire la performance du groupe dans nombre de situations.
Pour commencer, voici la méthodologie utilisée : 699 personnes travaillant par groupes de 2 à 5 personnes sur des tâches de type puzzle visuel, négociations, brainstorming, jeux et exercices basés sur des règles complexes. D'un autre côté, la plupart des participants devaient également réaliser individuellement des tâches similaires.
Il a été ainsi démontré que la performance d'un groupe ne pouvait pas être liée à l'intelligence individuelle moyenne ou maximale de ses membres!
L'effectivité du groupe émerge - selon les chercheurs - de la bonne dynamique interne. Les groupes qui, collectivement, étaient plus intelligents, étaient les groupes ayant des niveaux supérieurs de "sensibilité sociale" : autrement dit les groupes ayant la volonte de favoriser la participation de chacun et la contribution des aptitudes individuelles à l'obtention du résultat attendu. Au contraire, les groupes impliquant une personne dominante étaient moins intelligents que ceux qui bénéficiaient d'une distribution plus homogène des contributions.
A la surprise des chercheurs (qui n'avaient pas envisagé un tel axe), les analyses ont également montré que dans les groupes étudiés, le nombre de femmes avait, lui, une signification prédictive importante. La généralisation des résultats indiquerait que la participation des personnes ayant des "sensibilités sociales" (hommes ou femmes) favorise la performance du groupe.
Les conclusions principales étaient :
1) dans l'obtention des résultats, la performance du groupe et plus imporante que celle des individus: le fait de rassembler des personnes intelligentes ne résultait pas forcément en un groupe intelligent
2) la possibilité d'améliorer l'intelligence d'un groupe se fait soit à travers la modification de sa composition, soit en apprenant aux membres du groupe des meilleurs modalités d'interaction.
Pour leurs travaux à venir, les chercheurs se proposent d'avancer sur plusieurs axes (situations à risques et interactions en ligne) afin de documenter le potentiel d'utilisation dans les entreprises.
Ce qui nous ramène ainsi au lien avec mon point de départ - l'utilisation des solutions collaboratives dans l'entreprise!
Pour ma part, je que j'aimerais retenir (ou peut-être anticiper) est que dans un contexte projet, avec une équipe dédiée travaillant pour atteindre un objectif :
- les performances individuelles (déjà connues ou manifestée en cours de route) ne garantissent pas la performance de l'équipe
- pour bénéficier de synergies au sein de l'équipe il faut favoriser la contribution de chacun (cet impératif devrait être rappelé dès le départ... aussi, ne pas oublier la conduite du changement lors de l'implémentation des solutions collaboratives! mais aussi les réunions de lancement des travaux / projets et les points intermédiaires voir le bilan à la finalisation)
- si la composition de l'équipe (la propension de chacun à collaborer) peut influencer la performance du groupe, l'amélioration des résultats de l'équipe ne passe pas forcément par la modification de sa composition mais aussi par l'utilisation des différentes modalités de collaboration
- d'où le renforcement de la position du chef de projet en tant qu'Animateur !
-----
(*) "effectivité" dite "effectiveness" en Anglais, que je ne traduis volontairement pas par "efficacité"... mais à l'occasion je m'expliquerai dans une autre note
Commentaires